La jeunesse qui est la seule classe sociale qui nous intéresse parce que c'est la seule classe de nos pays qui n'est pas encore une classe bourgeoise, la jeunesse a besoin d'idées neuves et nous sommes les seuls à avoir des idées neuves au milieu de tous les rafistolages poussiéreux.
Une jeunesse saine, virile, enthousiaste ne peut que se détourner de l'ignominie qui préside à l'accouplement de ces deux vieillards libidineux qui sont en Europe le communisme embourgeoisé et la finance internationale. Nous dépassons ici la politique pour atteindre la morale. Les solutions politiques de rafistolage vaguement social, timidement européen, ont fait faillite. Et on ne pourra plus enfermer éternellement la jeunesse de notre pays dans une ambiance morale d'hypocrisie et de lâcheté, d'égoïsme et de conformisme. Le vieux cadre moral doit craquer comme doit craquer le vieux cadre politique. La ferveur européenne doit triompher de la béatitude hexagonale.
Il y a aujourd'hui dans la population de nos pays européens une aspiration à l'unité européenne. Il y a chez les meilleurs un courant de révolte contre la civilisation de l'argent. Au sein de ces peuples qui sombrent dans le sommeil, dans la béatitude irréelle des encycliques et des téléviseurs, de jeunes hommes en colère refusent le confortable cercueil que leur proposent les Prisunic du monde moderne. Ils croient qu'il n'y a pas d'action révolutionnaire sans idées révolutionnaires.
décembre 1963
Aujourd'hui, la jeunesse des partis politiques ne joue plus à ce curieux mélange de scoutisme, d'université populaire et de police supplétive qui fut la tragique passion de ses aînés. Les partis politiques n'ont plus de jeunesse. Et il n'y a même plus de partis politiques.
Un monde de plus en plus standardisé est lentement conduit vers la civilisation universelle et le gouvernement planétaire. Cela grince un tout petit peu pour savoir si ce directoire unique sera celui des épiciers en gros, des commissaires politiques ou des curés de choc. Tous ceux qui veulent entreprendre la moindre action politique, la moindre action culturelle, la moindre action sportive, la moindre action religieuse, se trouvent devant le même problème de l'apathie profonde. Un peuple de plus en plus étourdi et de plus en plus fatigué, de plus en plus riche et de plus en plus pauvre ne pense qu'à l'argent et à la mode. Croyant vivre à l'échelle mondiale, les gens méprisent où ignorent ce qui les concerne directement. De plus en plus informés ils sont de plus en plus indifférents à la vraie politique, c'est à dire à la vie de leur Cité.
Qu'il soit d'abord bien entendu que tout homme qui lutte pour l'idée même de patrie, c'est à dire pour une tradition, un enracinement, une réalité populaire, celui-là est notre camarade de combat contre les tenants du « progrès », de l’universalisme, du mirage indifférencié. Que l'on se batte pour la Vendée, pour la France ou pour l'Europe (petite ou grande) n'est qu'une question de degré et non pas de nature.
Ce qui nous rassemble ici ce n'est pas un pointillé sur une carte, une tache rosé sur un Atlas, ce n'est pas l'image d'un hexagone plus ou moins régulier, c'est d'abord une réaction de refus et de fierté.
À une heure où il était difficile de savoir où se trouvait la patrie et encore plus où était la Nation, des chevaliers Normands continuaient à se battre au Mont Saint Michel, dernier îlot d'un pays entièrement submergé par la marée anglaise. Leur chef, le gouverneur Guillaume d'Estouteville, ne leur parla pas d'un royaume terrestre et du pré carré de quelque couronne. Il leur rappela, en guise de réponse, qu'il avait choisi une devise dont chaque terme peut encore servir de mot d'ordre au sortir de notre nuit :
- « Là où est l'honneur, là où est la fidélité, là, seulement, est la patrie »
Toussaint 1964
Jean Mabire
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