LITUANIE
Dans la grande principauté de Lituanie, qui s'étendait aux XIV et XVème siècles de la Baltique à la Mer Noire, la langue officielle était le biélorussien, et plus tard le latin. Au XVIème siècle, l’établissement temporaire du protestantisme et ensuite de la Contre-réforme ont amené les auteurs d'œuvres religieuses à s'exprimer en langue vernaculaire.
A côté d'une poésie populaire, dite de servage (celui-ci ne fut aboli qu'en 1861), et qui demeura orale, la littérature écrite ne comporte jusqu'en 1700 que des écrits religieux.
L'élan de libération nationale et sociale déclenché dans la seconde partie du XIXème siècle suscite une vague d'écrivains engagés dont témoigne l'œuvre du poète romantique Mairouis où se déploie l'ensemble des thèmes qu'il porta à leur maximum d'expression.
Après l'indépendance en 1918, les mouvements d'avant garde de l'étranger influencèrent les lettres lituaniennes qui les assumèrent sans infléchir pour cela le génie national. Jusqu'à nos jours, la veine lyrique garde la primauté, ainsi qu'en témoigne le poète lituanien d'expression française Oscar MILOSZ.
LETTONIE
Après une exubérante floraison de chants populaires, la domination allemande qui s'étend sur la Lettonie au XIIIème siècle, la conversion et la germanisation des habitants empêchèrent l'évolution normale de la littérature â partir de ce tuf initial.
Il s'en suivit que la littérature lettonne ultérieure, qui demeura pratiquement orale jusqu'au XIXème siècle, apparaît comme une tentative de pallier cette rupture et de rétablir une continuité avec les traditions et le folklore qui étaient ceux des premiers lettons.
Au XIXème siècle, le « réveil national » suscita des œuvres qui, tout en s'inspirant des sources populaires anciennes, abordèrent des thèmes nouveaux. Après 1850, les écrivains, issus bien souvent des campagnes, s'attachèrent, principalement dans le conte et dans le roman, à décrire la paysannerie : réalisme rustique où l’exigence morale du luthéranisme dominait. Dans les deux dernières décennies, fidèle au réveil national, l'intelligentsia lettonne opposa une vive résistance à la russification du pays entreprise par Alexandre II. Si les changements accélérés que connaissait la société orientèrent alors beaucoup d'auteurs vers un nationalisme puisé aux écoles française et russe, expression de leur adhésion aux idées nouvelles du socialisme, d'autres cependant, davantage poètes, se faisaient les promoteurs des mouvements impressionnistes et symbolistes.
De cette polyphonie littéraire naquit une génération d'écrivains qui régnèrent dans les lettres à partir de l'indépendance de 1918.
Après la seconde guerre mondiale, un certain nombre d'auteurs émigrèrent et inaugurèrent en exil une nouvelle source de création lettonne.
ESTONIE
Si en Estonie, la tradition de la poésie populaire, restée vivante jusqu'à, nos jours, remonte à l'âge du fer et des vikings, les premiers ouvrages imprimés en estonien ne datent que du XVIème siècle.
La littérature estonienne est celle d'une nation d'un million de personnes, parlant une langue finno-ougrienne proche du finnois et incluse tour à tour dans les aires d'expansion des mondes scandinave, allemand et russe. La littérature écrite estonienne ne date que du XIXème siècle, mais son éclosion fut facilitée par l'existence d'une tradition orale d'une exceptionnelle richesse, ainsi que par la fixation d'une langue de référence, celle de la Bible. Les tentatives de russification à la fin du XIXème siècle, ainsi que la réaction qui suivit les événements de 1905 n'empêchèrent pas les écrivains estoniens de se mettre à. l'écoute de l'Europe et de trouver en Finlande un modèle à leurs aspirations. Conséquence de la première guerre mondiale et de la Révolution Russe, l'accession du pays à l'indépendance ouvre un véritable âge d'or des lettres estoniennes, mais la montée des totalitarismes, l'occupation puis l'annexion par l'U.R.S.S., l'occupation allemande et la perte définitive de l'indépendance contraignent finalement à l'exil la très grande majorité des écrivains qui, après l'automne 1944, poursuit son activité à l'étranger. Le renouveau littéraire, qui a suivi en Estonie la fin de la période stalinienne, témoigne pourtant de la vitalité d'un peuple de haute culture, dont il faut regretter que son isolement linguistique et les vicissitudes de son histoire ne lui aient pas encore permis de mieux faire entendre sa voix.