On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



jeudi

La Société Hâvraise d'Études Diverses

Le Hâvre, port de guerre puis de commerce, ne se développa vraiment qu'après le Premier Empire et sa population sera toute entière tournée vers son port et les activités qui en découlent. Cela peut expliquer l'apparition tardive dans cette cité de sociétés savantes ; si l'on excepte une éphémère « académie des Anonymes » de douze membres s'occupant surtout de poésie fondée vers 1670 sous l'impulsion du gouverneur local, le Duc de Saint Aignan.
II faudra attendre le second quart du XIXème siècle pour que, quelques Hâvrais sentent le besoin de disciplines différentes du négoce et de tout ce qui touchait à la navigation. Cinq d'entre eux : MM. Baltazard, Chouquet, Millet, Saint-Pierre et le docteur Lecadre se réunissent le 18 septembre 1833 dans une maison de la rue Caroline (actuellement rue Racine) pour étudier une liste de personnes dignes de s'associer pour créer une académie Hâvraise.
Au cours de trois réunions suivantes un règlement sera élaboré, une liste de seize membres fondateurs sera dressée, une cotisation annuelle de quarante francs-or sera fixée tandis que le nom de «Société Hâvraise d'Études Diverses» sera choisi. La séance du 27 novembre 1833 sera la première de travail officiel de la société. Dès 1834, le nombre de sociétaires dépassera le chiffre de vingt. Ce fût aussi l'époque où l'on ajouta aux statuts la formule : « Tous les genres sont admis, sauf la politique et les opinions religieuses ». Formule prudente et sage qui préserve l'amitié et l'estime entre les sociétaires, que les genres récusés auraient pu diviser.
En 1841, des membres non résidents et correspondants sont admis. Le 12 mai de la même année l'abbé Jean-Benoît-Désiré Cochet est admis. En 1855, la Société Hâvraise d'Études Diverses est reconnue d'utilité publique. Ses séances se poursuivent, des membres nouveaux qui seront célèbres un peu plus tard sont admis : MM. Félix Faure le 11 février 1870, Jules Siegfried le 24 novembre 1871 puis Robert Le Minihy de La Villehervé, jeune poète, romancier et auteur dramatique ; l'avocat René Coty sera membre de la Société dès 1919.
En 1895, il y a soixante et onze membres résidents, cent dix membres correspondants et cent quatre vingt sociétés correspondantes. En 1917, la Société organise la cérémonie du quatrième centenaire de la fondation du Hâvre. En 1920, la Société s'installe dans la salle où elle se trouve encore actuellement, en l'hôtel des Sociétés Savantes que la ville vient d'acheter. En 1933, année du centenaire, elle publie un gros volume commémorant l'événement.
La guerre interrompt les activités de juin à novembre 1940 ; le président, le chanoine Blanchet, étant nomme évêque de Saint-Dié en 1941, c'est le vice-président l'avocat Edgard Poulet qui anime la Société, ce dernier sera élu président de 1947 à 1949, dès que les nominations des membres des bureaux des sociétés reconnues d'utilité publique seront à nouveau permises. Mgr Blanchet sera le second sociétaire devenant évêque, après Mgr Julien nommé évêque d'Arras en 1917.
Dans ses dernières années la Société Hâvraise d'Études Diverses publia les comptes-rendus de ses travaux, et, depuis de nombreuses années les textes complets de communications choisies après avoir été lues en séance. Les recueils sont remis aux membres et adressés aux correspondants français et étrangers. La Société Académique du Hâvre correspond en effet avec nombre de sociétés savantes dont beaucoup représentent l'élite de la région ou du pays où elles se trouvent. En novembre 1983, la Société Hâvraise d'Études Diverses a célébré le cent cinquantième anniversaire de sa fondation ; elle comptait alors cinquante huit membres actifs, vingt deux membres honoraires et plus de cent membres et sociétés correspondants. Un siècle et demi déjà de vie studieuse pour la société académique du Hâvre ; souhaitons lui encore une longue et fructueuse carrière.
Henri Landemer

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