Les sociétés d'Autoroute sont-elles les seigneurs et maîtres d'une nouvelle féodalité ?
Au milieu des années soixante, l'État français, devant la carence d'infrastructures autoroutières, inaugura une politique ambitieuse destinée à compléter l'embryon ludique, constitué avant la seconde guerre mondiale, et qui menait de la Porte de Saint Cloud à Versailles.
Le fer de lance de cette politique s'est constitué autour de sociétés d'économie mixte chargées de construire, puis d'exploiter pendant vingt ans ces autoroutes financées avec de l'argent public. Trente ans plus tard ... les concessions sont toujours exploitées et il ne reste de cette politique audacieuse qu'un déficit de kilomètres que les Régions et les Conseils généraux tentent de combler, toujours avec de l'argent public, sous la bienveillante attention des sociétés d'autoroutes.
Si Paris semble bien irrigué par le maillage autoroutier, la province reste, une fois de plus, la grande oubliée. En effet, comment maintenir, sinon développer, une économie locale, donc une vie en milieu rural, sans un réseau de communications sûr, rapide qui desserve le plus grand nombre de bassins de production ?
Dans les faits, quatre-vingt pour cent de la population ne représente rien vis à vis des intérêts de l'Ile de France. Le déséquilibre Paris-province s'accentue d'année en année, que ce soit en infrastructures, dans le rapport des kilomètres soumis au péage, le nombre d'accès aux voies rapides, la qualité l'entretien et de la signalisation, les choix de tracé par le jeu de notion d'utilité publique plus facile à imposer dans les zones en cours de désertification, etc.
Nous payons au prix fort un service peu coûteux pour les vingt pour cent d'une population qui paye peu ou pas des kilomètres qui nous sont finalement très chers ; 1993 est le Bicentenaire d'une période qui fut terrible pour l'ensemble des provinces, vu de Paris c'est une aimable fantaisie, mais rappelons-nous que tout avait commencé par des cahiers de doléances où les bons peuples de France rechignaient sur les péages des ponts et chaussées.
Resterait-il des Bastilles à prendre ?
Marc LESALIEN
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