Éditorial
...de Jean Mabire
Dans la forêt sont réunis l'arbre, la pierre et l'eau des sources ou des fontaines. Ces trois éléments caractérisent les sanctuaires des anciens, dont les croyances religieuses se célébraient parmi le chant des oiseaux et les frémissements de la lumière à travers les branches.
Comme la pierre, l'arbre devenait pour l'homme de cette époque une présence sacrée. C'était un être vivant, dont la vie même se chargeait de symboles et de forces divines. On n'adorait par l'arbre pour lui-même, mais pour ce qu'il se révélait en lui de supérieur et de divin.
L'arbre qui croit vers le ciel, qui perd ses feuilles à l'automne et les retrouve au printemps, incarne l'image sacrée de l'univers, de l'éternel flux et reflux de la vie et de la mort. Les anciens avaient du temps une vision cyclique différente de notre conception moderne.
La vie de l'arbre illustre parfaitement cette vision où la mort est nécessaire à la régénération de la vie. Comme l'homme, l'arbre a son destin, et sa mort n'est pas une fin en soi.
Rappelons que les Celtes croyaient tant à la vie dans l'autre monde qu'ils prenaient des paris remboursables après leur mort, dans l'au-delà ! L'homme subit les agressions du temps et de la vie, l'arbre celles des saisons et des intempéries. De la même manière que l'être humain, l'arbre est un réceptacle du sacré.
La forêt préserve les forces élémentaires et primordiales. Elle contient elle-même ce qui était, ce qui est, ce qui sera... La mort des vieux arbres enrichit la terre pour nourrir les nouvelles pousses. C'est le cycle cosmique des naissances et des destructions. Encore un motif de sacraliser la forêt.
La forêt n'est pas seulement une juxtaposition d'arbres. Elle est aussi un être collectif, un destin. Un monde fourmillant de vie, de présences, de mille petits bruits furtifs. Un monde clos où l'homme peut se sentir à la fois protégé et menacé, selon l'état de son propre cœur, selon la confiance qu'il porte en les dieux, en lui-même.
« HISTOIRE SECRETE DE LA NORMANDIE »
ALBIN MICHEL -1984.
« Encore faut-il choisir sa vie
et savoir ne pas sacrifier la qualité à la quantité »
Bernard FONTALIRAND
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