On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



vendredi

Runes, hors série n°4 1992


Éditorial

... Jean MABIRE

Tout mythe National s'enracine dans l'histoire pour la transfigurer et susciter une véritable « relance » d'un sentiment qui se transforme à son tour en événement. L'avenir s'enchaîne sur le passé. Il en privilégie certains aspects et donne un éclairage qui devient parfois contrainte, exaltant et réduisant tour à four. Le mythe devient fait.

Ainsi ce que l'on nommera un jour l'idée Nordique est-elle devenue, au fil des ans, inséparable de la réalité Normande. Elle a peu a peu conquis le régionalisme, jusqu'à s'identifier avec lui. L'originalité fondatrice de la Normandie se réclame d'abord de sa source scandinave.

C'est l'histoire de celle prise de conscience septentrionale que l'on voudrait évoquer ici. Qu'il soit bien entendu qu'il ne s'agit point d'un travail d'érudition qui prétendrait ne rien laisser dans l'ombre parmi tant d'efforts méconnus, mais bien plutôt d'une promenade sentimentale, au hasard des souvenirs, des partis pris et des injustices ... Il ne s'agit pas d'érudition, mais d'hommage à ceux qui, avant nous, selon la formule de Charles Théophile Féret, ont préféré servir la Normandie plutôt que de s'en servir. Jusqu'au début du XIXème siècle, la conscience des origines n'était pas à la mode. Certes, les historiens Normands ne manquaient pas de rappeler le rôle des scandinaves dans la constitution de l'antique duché, devenue avec Guillaume royaume Anglo-normand, mais cela était un fait tellement évident qu'il ne suscitait pas de réaction particulière.

Seuls quelques érudits isolés peuvent insister sur celte continuité de l'histoire Normande, qui fait d'une province annexée dès le début du XIIIème siècle, une Nation encore consciente de son fait et attachée à soin droit.

L'Ancien Régime avait connu la longue résistance silencieuse et sceptique des Normands. On garde la mémoire des récits des chroniqueurs latins, Dudon de Saint Quentin, Odéric Vital, Guillaume de Jumièges, Benoît de Saint-More, on fonde un véritable nationalisme sur l'œuvre de maître Robert Wace, le poète patriote de Guernesey, qui explique l'origine même du nom de Normands et conclut par ce qui va devenir l'acte de foi essentiel de tous ceux qui se reconnaissent dans Rolf et les siens :

« En North allons, de North venon
   En North fum nez, en North manon.»

Les Vikings en Normandie
Éditions COPERNIC, 1979

Aucun commentaire: