Le projet HUGO (voir Runes Hiver 92/93) soulève un débat. Certes, les découvertes les plus récentes de la génétique ont ruiné plus d’une théorie raciste de l’époque coloniale. Trop de « scientifiques » ont cherché à démontrer l’éventuelle supériorité d’une race sur une autre. Actuellement, le professeur Cavalli-Sforza et ses collaborateurs sont en train de réunir suffisamment de données pour mettre en évidence l’origine commune des espèces humaines : il y a environ cent mille ans, quelque part dans l’Est africain ou au Moyen-Orient, les humanoïdes partent à la conquête du monde. Les différenciations de caractères physiques se déterminent ensuite chez les divers groupes humains en fonction du milieu géologique et du climat de la région où ils s’établissent.
Voici ce qui ressort des travaux de scientifiques sérieux. Mais là où le sérieux se perd, c’est quand les moralistes saisissent ce qui n’est pas encore des résultats pour nous démontrer à tout prix que les races n’existent pas. Comme le dit André Langaney dans « sciences et Avenir »de février 1993 : « L’étude continue de multiples systèmes génétiques sur un tube de sang ne permet généralement pas de localiser l’origine du donneur. Tandis qu’un simple coup d’œil sur une photo d’identité permet souvent au voyageur expérimenté d’en dire beaucoup plus. » Les travaux de la génétique on surtout éclairé le domaine médical, sur les maladies héréditaires, par exemple.
Maintenant, à la lecture des articles parus dans les magazines scientifiques, et au vu du reportage télévisé de « Arte » sur le projet HUGO, au mois de janvier 1993, la question qui se pose est : « Dans quelle mesure la théorie des climats de Montesquieu – qui considérait que les peuples des pays chauds sont timides comme le sont des vieillards, ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens – se confirme-t’elle ? On l’a vu, les aspects physiques sont déterminés par le milieu où s’établi un groupe humain. Scientifiques et moralistes se refusent à aller plus loin quant aux caractères intellectuels globaux des races et des peuples. Ceci dit, il est difficile de croire, après une étude critique des résultats de la génétique, à une « supériorité » d’une race sur une autre. Mieux vaut parler plutôt de « qualités spécifiques ». Par exemple, il paraît évident qu’un mélanésien aura plus de mal à s’adapter dans un climat Arctique qu’un Germain. Peut-on parler de supériorité de l’un sur l’autre ? Voilà de quoi rassurer les moralistes contemporains. Mais là où ceux-ci devraient être moins assurés, c’est dans le cas où l’on pousse un peu cette théorie des spécificités : les peuples africains sont-ils plus faits pour « adopter », même en Afrique, un mode de vie occidental, que les occidentaux déplacés hors d’Europe qui n’ont pu survivre qu’en s’entourant d’un rituel social et technologique vital pour leur mental autan que pour leur physique ?
Nota bene : une personne sagace et d’un esprit critique bien de chez nous me demandait, alors que j’écrivais ces lignes : « Quel rapport avec la Normandie ? »
A priori, aucun. Pourtant, à bien y réfléchir, à l’heure où les Normands bien nés défendent ce qui fait qu’ils sont Normands, nous voyons que certains veulent mettre la science au service de ceux qui nivellent les patrimoines par le bas ; les revues scientifiques nous donnent un son de cloche que les chercheurs eux-mêmes ne comprennent pas. Comme le dit le professeur Cavalli-Sforza dans un entretient accordé à « Science et Vie » (hors-série de décembre 1992), les variations génétiques des individus et des peuples « nous renseignent sur l’histoire évolutive des groupes humains […] on peut ainsi obtenir une sorte de profil statistique d’une population. »
Le rapport est là : la génétique est un patrimoine.
W. Lambert
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