On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



dimanche

L’histoire de France, ou une mémoire mutilée

Ces années de « commémoration » des événements marquants qui illustrèrent la révolution française ramènent au jour, bien involontairement sans nul doute, un phénomène constant dans l'appréciation et l'interprétation de l'histoire événementielle « officielle ». En effet, les zélateurs de l'idée de la république-une-et-indivisible ou les tenants de l'héritage capétien de « droit divin », qui ne saurait donc être morcelé, se retrouvent sur ce point précis: l'histoire de la « nation française » est identique pour tous ses constituants actuels, ce qui signifie pour ceux-ci qu'un événement aurait donc eu la même répercussion d'un bout à l'autre du territoire, avec, comble d'ironie « effet rétroactif » pour les régions incorporées à l'Hexagone ultérieurement, telles que le Comté de Nice, peu concerné, à l'époque par le grand chambardement français, avant que les armées de la Convention ne viennent, fraternellement, lui apporter les lumières que ses habitants ne souhaitaient pas forcément recevoir !
Donc, la notion d'histoire régionale, fût-elle en réalité l'histoire d'authentiques nations aux racines parfois plus anciennes que celles du grand amalgame français, doit être niée, oubliée (Euzkadi, vous avez dit Euzkadi ? !) Ainsi le veut le dogme « officiel » et avec le soutien, ô combien actif ! du système éducatif, la complicité, active ou passive, des médias de toutes natures, à quelques trop rares exceptions près néanmoins telle que quelque radio locale à vocation d'éveil culturel ou quelque magazine associatif comme celui que vous lisez, les nuances et particularités sont une fois de plus niées : Blancs d'un côté, Bleus de l'autre, sur un territoire bien défini et bien entendu intangible. Ainsi, par exemple, la Bretagne fut blanche et la Normandie bleue ... Louis de Frotté, Normand, et de famille protestante, était-il plus bleu que le général révolutionnaire Moreau, né à Morlaix en 1763 – à moins que Morlaix ne soit pas en Bretagne ? A la trappe, aux oubliettes de l'histoire ces empêcheurs de pontifier en rond. Aussi continue l'on à enseigner et à affirmer à de braves gens qui n'en peuvent mais, une histoire qui n'est pas la leur, ou si peu, mais qui est celle que certains voudraient qu'elle fut, même au prix de quelques entorses et contrevérités.
L'histoire de France, la vraie, est finalement beaucoup plus nuancée que celle décrite dans nos livres d'école. Elle est le résultat d'une mosaïque d'événements qui marquèrent plus ou moins telle ou telle région. Omettre de le reconnaître et de l'enseigner est une façon de mutiler la mémoire des peuples de France.
Quel avenir peut-on prétendre bâtir sur une telle conception du passé et de l'information ?
Tant que l'histoire ne sera pas relue pour enfin donner une juste notion des choses aux citoyens, l'avenir des régions restera hypothéqué.
Mais cette révision nécessaire ne doit pas être une décision « venue d'en haut ». Il est possible, si la volonté existe, que chacun reprenne conscience de son véritable héritage et replace alors à leur juste mesure les événements que l'on commémore et en tire ainsi les réels enseignements qu'ils sont susceptibles de nous révéler.
Christian Camille

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