On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



dimanche

La forêt Normande en 1793

De tous les États de l'Europe occidentale, la France dispose de la plus grande surface boisée.
Il en fut de même dès les temps les plus anciens. La forêt médiévale était beaucoup plus étendue que la forêt contemporaine.
En Normandie comme ailleurs, la forêt va connaître plus de mille ans d'une lente agonie.
À ce capital naturel vital la Révolution fut bien prête d'asséner un coup fatal. Le 4 août 1789, c'est l'abolition des privilèges, et notamment des « coutumes » qui régissaient l'exploitation forestière. Les besoins de la guerre, mais surtout des marchands de bois, vont exploiter à outrance ce patrimoine. Les résultats de ce pillage aveugle sont effrayants. La forêt de Bleu, dans le Pays de Caux, qui était presque aussi vaste que l'actuelle forêt de Brotonne, disparaît totalement en quelques années. En 1793, la toute jeune république doit faire face à une coalition anglo-néerlandaise, et mobilise trois-cent-mille hommes. De pair, les communes mettent alors largement bois et taillis à contribution pour la marine de guerre de la république. Ainsi la forêt de Beaumont se trouve réduite de soixante pour cent de sa superficie.
Cette même année connaîtra son lot de folies envers les symboles mêmes de l'arbre. C'est ainsi que, en 1793, des révolutionnaires montent une véritable opération de guerre contre ... le chêne d'Allouville. L'instituteur du village, Jean-Baptiste Bonheure, le sauvera en y apposant un écriteau libellé : « Ici temple de la raison ».
La terrible menace qui pèse sur le patrimoine arboricole en ces années noires, vont susciter des réactions. Les chouans, forestiers du marquis de la Londe, vont éviter à la forêt du même nom son anéantissement total, mais ils n'empêcheront pas l'impressionnante amputation qu'elle subit au bénéfice des bourgeois rouennais. À savoir, que l'actuelle place de l'église Saint Clément était, avant la révolution, un carrefour forestier.
Au sortir de la révolution, la restauration, face à ce désert immense va réagir vigoureusement, elle entreprend un vaste programme de reboisement.
Aujourd'hui, même si l'apparence de nos forêts a irrémédiablement changé, notre génération peut disposer de la même surface boisée que celle que connaissaient nos ancêtres, en 1400.
W. Lambert

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