On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



dimanche

Runes : novembre 1994


Le combat millénaire de la Normandie une véritable nation en lutte pour ses libertés et son identité

C'est sans hésiter que j'emploie le terme « Nation » à propos de la Normandie. Il y a cela plusieurs raisons.

La première, c'est qu'en dépit de la regrettable confusion créée par l'expression « État-Nation » consacrée en langue française – la nature de la Nation et celle de l'État sont différentes – je préfère, personnellement, la forme anglaise Nation-State, ou Nation-État, qui me paraît à la fois plus proche de la réalité et prêter moins à confusion.
C'est la Nation, société civile globale « parfaite » en sa complexité, qui est première. L'État, superstructure politique est second et de caractère subsidiaire.
La preuve en est que, si les deux concepts sont distincts, celui de Nation est dissociable de l'État alors que l'inverse ne l'est pas. On a vu et l'on voit toujours des Nations exister sans État ou écartelées entre plusieurs États : Israël, l'Irlande, la Pologne, la Nation basque, la Nation kurde pour ne citer que quelques exemples pris au hasard. Par contre, on ne connaît pas d'État sans le substrat d'une ou plusieurs Nations, à l'exception peut-être des États-Unis d'Amérique.

La seconde raison, particulière à la Normandie, c'est que son caractère de Nation distincte lui a toujours été reconnu et l'est toujours jusqu'à nos jours
[…]
Le sentiment de la spécificité Normande n'a pas disparu malgré le régime colonial interne institué au profit de Paris par la république française. Parti d'un mouvement qui affectait toutes les provinces de France – le régionalisme – ce sentiment national Normand s'affirma avec éclat dans le sillage du mouvement romantique d'une part et dans la contestation de l'État jacobin par un homme comme Arcisse de Caumont et les membres de l'Association Normande qu'il créa. Caumont est le premier sans doute à avoir compris le lien entre la réforme de l'État issu de la révolution et la restauration de ces Nations que sont les grandes provinces historiques. Il dépassait une réaction romantique quelque peu échevelée pour l'encadrer dans un projet politique et administratif radical. Caumont a également plus que pressenti le lien entre l'union de l'Europe, la réforme de l'État et la restauration des provinces historiques.

Le caractère de Nation de la Normandie éclate aux yeux de tous, Normands, concitoyens français et nombreux étrangers venus des pays Scandinaves, anglo-saxons et d'Italie du sud lors de l'extraordinaire Millénaire de la Normandie célébré avec un exceptionnel sens de la grandeur en 1911.

Enfin, la spécificité Normande est reconnue dans les temps modernes et de nos jours encore par les hommes politiques et des observateurs qui font autorité.
Dans les années 1950, d'abord André Siegfried, maître ès-sciences politiques et humaines incontesté, vaste esprit embrassant du regard la totalité du monde, qui donnait le 4 février 1955 à Rouen, à l'Association des Études Normandes une remarquable conférence sur la « Psychologie du Normand ».
Ensuite, Jean Dantain publia, toujours dans les Études, Normandes (4ème trimestre 1954) une étude sur « La mentalité Normande et les influences Nordiques ».
[…]
Enfin, en 1981, deux anthropologues, Hervé Le Bras et Emmanuel Todd notaient dans « L'invention de la France » de nombreux caractères spécifiques de la Normandie... « Cette province, très proche des régions de plus dense peuplement celte, fut cependant colonisée tardivement par des Scandinaves, par des Normands dont Marc Bloch avait bien senti qu'ils n'étaient pas simplement une poignée de chefs, mais une communauté complexe et complète, incluant un grand nombre de paysans, capable de coloniser en profondeur une partie du territoire occupé. »

C'est Léopold Sedar Senghor, champion de la négritude et de la francophonie qui, en 1983 définit la « Normandité » comme un lyrisme lucide. Admirable définition de nos âmes de glace et de feu. Saluons la sûreté d'intuition de l'Africain enraciné dans sa culture et la finesse de l'analyse d'un grand lettré.
Paul-René ROUSSEL
L'Europe, La Nation Normande et la France
éditions de l'Esnèque, mai 1988

En marge de l'armada

Prétendre que le « pin's » soit une œuvre d'art n'est pas un sentiment que nous connaissons. Mais que l'affaire soit génératrice de main d’œuvre, fut-elle temporaire, nous effleure par les temps d'exception sociale qui courent... Nous nous expliquons d'autant plus mal que la réalisation et le bénéfice de l'affiquet officiel de l'Armada de la Liberté soient allé à une entreprise répondant au doux nom de Normandy, et située à.. Brest ! (En Bretagne)

Ma doué! Qui aurait cru que le cinquantenaire n'était qu'une affaire de grands et petits Bretons...

Betterave


Pour la première fois depuis 1066, une invasion française en Angleterre est en passe de réussir.

C'est en ces termes emphatiques que la régie Renault « n'a pas fini de nous étonner » ! Et ce en un tiers de page dans « l'Équipe » du 28 juin 1994, s'il vous plaît...
Pour être étonnés, nous sommes étonnés...
Mais il ne s'agit, en fait, que des progressions des ventes automobiles de la régie en Grande Bretagne, et non pas de menées belliqueuses. Et malgré la reproduction de la Tapisserie de Bayeux, point d'autre mention des usines Normandes, encore moins de leurs sous-traitants qui, crise oblige, voient leurs carnets de commandes corrigés à la baisse...




Armada 1994

Parce que le dévouement à une cause est d'abord un engagement personnel, nous tenons à remercier :

Marie Hélène BARBARAY, Éric BARRÉ, Romain BLANQUET, Jean-François BOLLENS, Mary-Guyvlyn BOLLENS, Pierre BOURDON, Thomas COURTIER, Dominique DELAPIERRE, Françoise FLORANT, Marc-Antoine GOOSSENS, Pierre HENSEL, Erwann de JORNA, Martial LECHALIER, Gilles LEFEVRE, Michèle LE FLEM, Emmanuel MAUGER, Didier PATTE, Eric PATTE, Stéphane REBEVIL, Yann SANIER, Andrée SIMON, William SIMON, Eric VALIN, Lambert VARY,

pour leur participation militante à la réussite du stand de I'Armada. Ils n'ont compté ni les heures, ni la chaleur, ni la fatigue ; ils ont pris sur leur temps de vacances pour montrer qu'au-delà de la fête existait une volonté Normande qu'il convenait de représenter. Ils l'ont fait dignement, avec bonne humeur, les deux cents contacts et l'amortissement des frais engagés par le Mouvement Normand prouvent que le public, souvent surpris de nous rencontrer sur les quais, a été sensible à notre démarche régionaliste.

Saint Michel et la Normandie

Le 29 septembre c'est la fête de tous les Normands et celle de leur saint patron : saint Michel. C'est à l'archange, chef des légions célestes qu'a été consacré le Mont Saint Michel et son abbaye au péril de la mer, merveille de l'occident, haut lieu de la religion celte puis chrétienne de notre région.
Cette date est fortement ancrée dans la tradition du peuple Normand, ainsi c'est à la Saint Michel que, par exemple, se payaient baux et fermages.

C'est aussi à cette date que notre duc Guillaume a mis pied en Angleterre en 1066.

Saint Michel a son correspondant dans les panthéons grec avec Apollon, celtique avec Bélénos et Scandinave avec Balder. II est le symbole de la lumière et de l'éternelle jeunesse, symbole du soleil, astre renaissant jour après jour, printemps après printemps depuis la nuit des temps.
B. Mauger

Étudiant Normand

L'étudiant Normand d'aujourd'hui est le représentant de l'élite intellectuelle provinciale de demain. Cependant ce rôle avec tous les avantages qu'il confère ne doit, pas faire oublier les devoirs qui l’accompagnent
En tant qu'élite régionale nous avons à donner l'exemple pour les habitants de notre région. Nous sommes tous et toutes dans des facultés ou dans de hautes écoles à apprendre les connaissances spécifiques du domaine où nous devrons exercer notre métier. Ces connaissances, bien que hautement qualifiantes, ne nous apprennent pas à être des cadres régionaux. Or, nous voulons vivre, étudier et travailler en Normandie. Notre devoir c'est de nous rappeler que nous serons les cadres de notre région et de rassembler tous les membres de la Nation Normande, sans distinction de classe sociale ou politique. Pour cela, il nous faut nous instruire de l'histoire et de la culture Normande, chercher à maintenir nos traditions, véritable ciment moral de notre société. La culture est le lien à jeter par dessus tous les obstacles artificiels que l’on veut nous imposer. Avant de nous affaiblir dans tous les clivages sociaux ou politiques, nous devons penser Normand avant tout.

Notre devoir, c'est de nous lancer dans la formidable aventure qu'est la découverte de notre passé pour mieux préparer notre avenir. Aventure, puisque notre culture revêt d'innombrables aspects qu'il faut retrouver et faire évoluer parce qu'une culture vivante c'est une culture qui est en perpétuelle évolution.

Notre devoir, après avoir redécouvert nos racines c'est de les vivre au quotidien en réintroduisant les rites et les usages qu'elles nous enseignent et de les faire connaître autour de nous pour que renaisse notre culture. Nous devons être le phare de notre culture en tant qu'élite intellectuelle responsable.

Notre devoir, c'est de relancer l'évolution de notre culture millénaire pour qu'elle puisse servir de guide à notre peuple pendant encore mille ans.

Notre devoir, c'est d'être fier de l'extraordinaire richesse de notre patrimoine et du génie particulier du peuple Normand. Renier tous ces particularismes serait un véritable crime contre les Normands et l'humanité. Ce serait une perte pour toutes les cultures de la Terre. Comment pourrait-on renier ou oublier tout le labeur de nos ancêtres, toutes ces larmes et ces rires, ces peines et ces joies, ces efforts et ce sang versés pour que nous vivions comme nous le faisons. Oublier serait trahir.

Notre devoir est de nous souvenir et de continuer dans la voie que nos anciens ont ouverte. Déjà s'ouvre un avenir moins morose, plus humain, encore un effort et il sera notre...

Courage, étudiant Normand, soit fort et fier de ton peuple pour ton peuple, il te répond et compte sur toi.
B. Mauger

La séduction de l’art

Le chevalier blanc des plumitifs sans talent vient de renouveler ses exploits en engageant la très cosmopolite Alexandra MIDAL comme responsable du Fond Régional d'Aide à la Création (FRAC).
Le docteur Fouché Saillenfest, du Conseil Régional de « haute » Normandie, avait découvert que la région investissait par le FRAC dans des œuvres qui ne valaient que le prix de l'estime mais étaient réglées comme s'il s'était agi de créations incontournables.
À la lecture de « La Région » de septembre 1994, nous découvrons que, pour corriger les agissements de la précédente équipe, notre nouvelle inspiratrice se propose de continuer la même politique et pour « présenter vraiment ce qui est fait dans la région » d’inviter des artistes venant d'ailleurs – y compris de l'étranger ».
Comme ses goûts vont à Gary Cooper, MC Solar ou Humpty Dumpty nous ne doutons pas que l’art contemporain restera quelque chose de très « régional » voir même, pourquoi pas, folklorique.

La Normandie exploitée

Trop souvent on reproche au militant régionaliste de tenir des propos excessifs, quand ils ne sont pas jugés extrémistes, pour dénoncer la mise ne coupe réglée dont il s'estime victime.
Trop souvent le parisien, si ce n'est le béat local, oppose que la région est belle, qu'il l'aime bien lui aussi la province, avec ses petits coins tranquilles où il vient se reposer de ses dures semaines de labeur là bas dans la capitale. Que nous ne savons pas goûter notre chance, surtout en Normandie, où tout est richesse des verts pâturages aux ressources en granulats… qui alimentent principalement Paris.
Ainsi la Normandie est belle, avec ses plaines alluviales gorgées de petits cailloux et ses unités pétrochimiques, et si personne ne s'offre de résidence secondaire au Petit-Couronne – c'est la Shell que j'aime – à Port-Jérôme ou Notre-Dame-de-Gravenchon, ce n'est peut-être que le résultat d'un préjugé trop hâtif qui bloque le développement du tourisme dans ces hauts lieux de notre richesse locale.
Par contre, les deux-tiers des 350 millions de tonnes de granulats exploitées par et pour la Compagnie des Sablières de la Seine, les Bétons et Chantiers de Normandie et Beauvais Béton, forts de leurs 190 emplois, organisent le pillage irrémédiable de notre sous-sol que l’on recouvre d’un pudique voile d’arbres (1500 à l’hectare, maigre consolation) une fois la cicatrice creusée.

Est-ce pour le plaisir de reboiser que les cimentiers français se sont opposés à la création d’un pôle d’importation sur le port de Rouen. Le fallacieux problème des emplois ne concernait pas les 190 Normands mais bel et bien les 2500 emplois générés par le pillage de nos ressources.
Ressources qui sont bien loin d’être inépuisables puisqu’elles devraient être épuisées dans 13 ans.

Épatant, non, d'être une région riche ?

Surtout pour la bonne conscience, car ce ne sont malheureusement pas que des préoccupations de régionaliste attardé, le préfet Quyolet lors de son départ de Rouen, en 1992, soulignait « les dangers d'une surexploitation des carrières régionales » ainsi que les ardeurs extractrices de certains professionnels peu scrupuleux.

Betterave

La S.A.P.N., avec l'appui des Presses des Ponts et Chaussées, s'offre en cadeau d'adieux un ouvrage somptueux : – « Paris Normandie, une autoroute se souvient », où les administrateurs se gonflent de leur suffisance ; louons les hommes qui ont fourni cette superbe infrastructure indispensable aux hordes de parisi-huns pour déferler sur nos côtes. Mais, rappelez-vous que là où le parisi-hun passe, le béton et l'asphalte poussent !

Les mêmes fêtent fièrement leurs trente ans de bons et juteux péages sur une concession de 20 ans, concession qu'ils ont finie par vendre à une société d'autoroute du Nord (la S.A.N.E.F.) pour régler leurs erreurs d'investissements. C’est encore avec fierté qu'ils montrent les abominations architecturales dont ils ont décoré leur beau ruban noir, comme l'indéchiffrable « sculpture » de Georges Saulterre, érigée en bordure de l'A13 vers Tourville, qui avec sa grosse boule et ses cinq flèches d'acier inoxydable intitulées « Sur la trace des vikings » symbolise le nouvel élan de la S.A.P.N..

N'espérez pas vous procurer ce superbe ouvrage : il n'est pas à vendre, contrairement à ses commanditaires.

Privés de culture ?

Rouen et les Cathédrales de Monet, au Musée des Beaux Arts de Rouen, ont accueilli le 12 août 1994 leur 50000ème visiteur. Monsieur le conservateur s'est félicité et espérait que l'objectif des 100000 entrées serait atteint avant la mi novembre, date de clôture de l'exposition. Monsieur le conservateur est un homme comblé : c'en est même trop beau...
L'envers de la médaille est que, depuis la rénovation des locaux, les rouennais payent l'entrée de leurs musées au même prix que les touristes, malgré les 4 millions de francs d'entrées réalisées grâce à Monet ! Les touristes seront donc statistiquement de plus en plus nombreux à visiter les monuments rouennais.

Ironies de l’Histoire

Ça y est, le 6 juin 1944 est passé.

Mais on s'en souviendra dans quelques semaines seulement car, ironie de l'histoire ou relecture qui devient familière, on avait oublié de faire débarquer les pauvres gars venus des U.S.A., de l'empire britannique et quelques européens du continent en période de vacances nettement plus propices à l'exploitation commerciale et politique du sacrifice de leur vie.

Quitte à faire du pognon sur le compte des morts, disons que la Normandie, grande perdante de l'époque, n'y gagne encore rien matériellement et moralement. Ce fait d'arme va être traité (exploité) sans que l'on parle du champ de bataille. Les producteurs de gadgets, aliments, vêtements estampillés 6/6/44 vont toucher le jakpot, quelques hôteliers ont annulé les réservations de vétérans et en même temps terni notre image. Ni les élus, ni l'Office du tourisme Normand n'ont su faire de l'événement un phénomène catalyseur des énergies de la région et obtenir des équipements comme, n'importe quel organisateur de Jeux Olympiques sait le faire. Il faut dire que les querelles politiciennes s'en sont mêlées ; de certains coqs de village – appelés maires ou présidents de comité – au gouvernement en passant par un président de demi-région qui voulait faire croire que la Normandie se résumait à trois départements. Sous les bombes, de Saint-Lô au Havre en passant par Caen, Rouen – sans oublier Dieppe deux ans plus tôt – de nombreuses villes ont perdu leur cachet et une fraction non négligeable de leurs populations qui ne sont jamais revenues.
Puisque nous sommes sur le chapitre des morts utiles pour le cynisme, touillons un peu. Les G.I.'s ne sont pas morts pour rien, ils ont remplacé l'occupant allemand par la dictature du Père, du Fils et du saint Esprit, c'est-à-dire Mc Do, Coca et Euro Disney, qui étant plus insidieuse ne sera pas non plus facilement délogée.
Continuons. Pourquoi le respect des morts devrait-il être sélectif ? Les Allemands n'ayant pas le don d'ubiquité, il faut bien admettre que si les tortionnaires étaient dans les camps, on avait en Normandie des unités d'élite, comme chacun le sait, qui à ce titre méritent le respect. D'autant plus que certains de ces merveilleux soldats, même si adversaires, ont ensuite parfaitement servi la France en Indochine dans les rangs de la Légion. Quant aux exactions qu'elles ont pu commettre en marge des combats, je les garderais en réserve de la mémoire de la république jusqu'au jour où la lumière sera faite sur les heures noires de l'épuration – un mot très à la mode – et que les décomptes seront possibles.
Les Droits de l'Homme sont universels et intemporels, c'est bien connu. Ayons donc une pensée pour les françaises et leurs bébés enterrés dans les cimetières allemands entre 1945 et 1947, morts des mauvais traitements qui leur étaient infligés dans les camps où avaient été regroupées celles qui avaient fait de la collaboration amoureuse, avant que le M.L.F. vienne dire qu'elles pouvaient disposer de leur corps dans la banlieue de leur choix. Allez voir ces tombes avant qu'un émissaire d'un ministre spécialiste des questions raciales et nationales obtienne du gouvernement allemand qu'elles aillent dans une fosse commune au nom de la réconciliation franco-allemande comme n'importe quel vendéen parce que la notion de crime contre l'humanité est aussi impartageable qu'imprescriptible.

Pire que le cynisme et l'amnésie sélective, il y a le ridicule qui tuera peut-être beaucoup de monde sauf les acteurs. Le débat sur la présence du chancelier Khôl aux cérémonies commémoratives me fait penser que les britanniques ne nous ont jamais invités à commémorer Azincourt et Waterloo. Par contre si on voulait culpabiliser les allemands nés après 1940, on ne s'y prendrait pas mieux. Ce rejet exacerbé créera un ressentiment analogue à celui des années 20 qui a rendu possible l'accession d'Hitler au pouvoir. L'ironie et l'irresponsabilité, la bêtise et le cynisme, les Droits de l'Homme à usage politique ou commercial – show business oblige – sont à la portée de tout le monde comme cet article le démontre. En réalité, finalement, la Normandie a encore manqué une occasion de se mettre en valeur avec dignité et à amorcer une sortie du marasme économique.

Pour conclure, la seule commémoration que je m'autorise c'est de remercier les acteurs du 6 juin 44 qui m'ont permis d'écrire ces lignes. C'est une liberté que je crois encore avoir, qui ne sera peut-être pas payante, mais que je leur dois. Parmi les gens « politiquement corrects » (sic) qui critiqueront ces lignes de dissident, combien sont allés modestement au pied d'un monument aux morts le 8 mai depuis cinquante ans et en particulier ne serait-ce que cette année de commémoration en fanfare qui oublie les victimes Normandes ?
Éric Valin