On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



vendredi

Runes, automne 1992


Éditorial

de ... PIERRE ANDRIEU GUITRANCOURT

L'histoire de la Normandie et de ses institutions est reconnue pour avoir servi de modèle aux anglo-saxons et aux français.
Mais, au-delà, la geste des Normands relie la Sicile, les établissements chrétiens d'Orient, la Russie aux pays scandinaves, témoigne de l'expansion de ces peuples remarquables par leur hardiesse et heureux dans leurs entreprises.
On ne voit guère les Normands qu'en envahisseurs assimilés sans se rendre compte que, si le pays conquis a beaucoup donné, le conquérant a donné plus encore. Le faste des maisons princières a attiré des cours d'intellectuels et a ainsi permis la naissance de nouvelles nations, soudant sur une base morale neuve des agrégats de peuples longtemps laissés sans direction.
L'histoire d'une communauté n'est pas nécessairement celle d'une patrie aux frontières immuables. Elle est fréquemment celle qui raconte les épisodes d'un même continent, voire d'autres terres soumises aux mêmes règles de vie et réunies aux mêmes aspirations. Vouloir considérer quelques pages de cette histoire des civilisations hors de leur contexte c'est fractionner, dénaturer les faits et les rendre ainsi incompréhensibles. Ces remarques valent pour les Grecs, les Romains, les Franks et leurs colonies, et se justifient encore plus particulièrement lorsqu'il s'agit des Normands. Originaires de Scandinavie il se sont introduits partout et ils ont continué à vivre en obéissant aux mêmes principes civilisateurs sans jamais cesser de garder entre eux un contact étroit et fécond en résultats divers. .
Ce fait est primordial pour notre histoire européenne, même si de cet étonnant empire il ne reste plus rien aujourd'hui que des souvenirs. Car les empires qui disparaissent laissent à l'humanité, toujours en peine de s'organiser, quelques uns des principes qu'ils avaient inventés au mis en valeur. Notre temps leur doit donc une dette de reconnaissance.
L'Angleterre et la France peuvent saluer ces Normands aux âmes héroïques, car sans eux leur histoire n'aurait pas eu son éclatant rayonnement. La Russie ne doit pas oublier que le créateur de l'empire fut Normand. Pays Scandinaves et Normandie conservent les souvenirs d'autrefois et gardent dans le cadre de leurs institutions locales et politiques les coutumes, les manières d'être qui, après les Romains, firent dans notre monde l'œuvre la plus originale et la plus considérable qui ait jamais été réalisée.

d'après la préface de « l'Histoire de l'Empire Normand » Payot, 1952

L'Histoire vraie révèle des lumières et des ombres
qui dessinent le visage d'un peuple
Elle éclaire le présent
Elle annonce l'avenir.
Jean LECANUET 8 septembre 1992

Le plus vieux monument normand a 6 000 ans

Une équipe d'archéologues vient de dégager, sur l'île de Jersey, à la Hougue Bie, une sépulture de 47 mètres de diamètre et 10 mètres de hauteur. (Ouest France du 18/8/92)

Ce cairn, dont les origines sont antérieures à l'arrivée des indo-européens, est actuellement surmonté d'une chapelle : il atteste que nos espaces occidentaux, loin d'être vierges de toute civilisation, connaissaient déjà une forme de culture, et donc que l'Europe est une vieille histoire où chaque pierre apporte son témoignage.

Jean-François Bollens

1992, Année Viking

Paris, Rouen, Caen ... impossible d'échapper ou de tenter d'ignorer le retour des vikings. Tout a été montré, dit, ou presque... Au-delà des vitrines et de leur témoignage, ce sont de nombreux liens qui ont été renoués entre les deux faces d'un même peuple. Plus que l'exotisme et la magnificence des objets, ces manifestations ont permis de réviser les vieux a priori dérivés du monastique « De la fureur des Normands... »

De cette fureur, Jean Mabire nous offre une fresque qui explique les origines de cette colère mémorable, dans son volume « LES VIKINGS A TRAVERS LE MONDE » (Éditions de l'Ancre de Marine)
J.-F.B.

1994 ARMADA

Du 10 au 17 juillet 1994, Rouen remet ça !

On ne soulignera jamais assez la place que «la mer » occupe dans l'imaginaire des rouennais. Malgré son éloignement de la houle Rouen affirme son attachement à sa vocation maritime.

Après « les Voiles de la Liberté » en 1989 et le succès de « Brest 92 », les quais de Rouen accueilleront pendant quatre jours « l'Armada de la Liberté » et montreront la volonté que les normands ont de maintenir une tradition Maritime.
J.-F.B.

N.V.G.

NAVIRE A GRANDE VITESSE

Tradition maritime toujours dans les esprits, et que les Ateliers et Chantiers du Havre associent avec progrès, avec le projet du N.V.G. dont la technique est aussi révolutionnaire que celle du « drakkar » de l'an mil l'a été pour la construction navale de son époque.

Rouen, c'est ton port que l'on assassine !

Reconnu sous Louis XIII pour son dynamisme lors de la première exposition coloniale, le port de Rouen se meure, le laisserons-nous mourir ?
Jusqu'en 1945 les activités fluviales et maritimes faisaient leur rencontre au sein de la ville. La Seine, fond d'estuaire pour les uns, ouverture vers Paris pour les autres, était le premier boulevard de la capitale de la Normandie.
Aujourd'hui, Port Autonome oblige, mais qu'est ce qu'un Port Autonome sinon une structure indépendante de son contexte, l'activité portuaire est excentrée vers l'aval et se spécialise dans le chargement de céréales, dont on considère qu'elles constituent son fond de commerce... Le problème des céréales est qu'elles sont exportés à 70% dans un cadre qui s'apparente à de l'aide humanitaire. Bel exemple de dynamisme que l'on compense par le remblai de la moitié du bassin aux bois, tandis que les quais s'effondrent sans que les responsables du Port Autonome envisagent de conserver son aspect «civilisé » aux rives de la Seine aux portes de Rouen.
Une preuve supplémentaire à apporter au dossier de la décentralisation ; la régionalisation des structures que l'État n'a plus la volonté de maintenir malgré les nombreuses années de profits.
François Delaunay

Mauvais goût à « Paris (Normandie) » ?

Notre grand quotidien « régional » qui le 4 juillet a lancé sa campagne d'abonnement de vacances sous le slogan :

« Quittez votre région »
« Pas votre journal »

Bien que chez M. Allard on soit plus attaché à une vision pour le moins frileuse de la Normandie, limitée aux vingt kilomètres qui entourent Rouen, certains de ses collaborateurs semblent conscients du risque que représente l'exode estival. Non qu'ils redoutent de voir les Normands quitter définitivement leur région, mais plutôt par crainte que les lecteurs du grand quotidien « régional », viennent à découvrir de véritables organes de presse régionaux qui informent sérieusement sur l'actualité de vraies régions.

DIEPPE REPUBLIQUE BANANIERE ?

13% de chômeurs suffisent-ils pour justifier qu'E.D.F. considéré les dieppois comme une espèce taillable et corvéable à merci ?

Alors que Penly produit déjà l'équivalent de la consommation électrique d'une agglomération de 2 à 3 millions d'habitants, E.D.F. anticipe depuis le mois de février sur les autorisations d'extension de sa centrale. L'accord officiel pour commencer ces travaux irréversibles ne devait être donné qu'en septembre. Deux nouveaux réacteurs achèveront définitivement la sur nucléarisation du littoral cauchois qui semble pourtant avoir bien pris sa part de risque.
F.D.

Maastricht : la Normandie dit non !

Pour la première fais dans son histoire, la Normandie infirme l'analyse d'André Siegfried (La France de l'Ouest) et se prononce contre le pouvoir en place, contre l'appareil politicien ...

Calvados :
inscrits 420614 ; abstentions 124244 ; OUI 146396 ; NON 146974.
Manche :
inscrits 340961 ; abstentions 100407 ; OUI 115190 ; NON 125364.
Orne :
inscrits 209403 ; abstentions 59701 ; OUI 72450 ; NON 77252.
Eure :
inscrits 345343 ; abstentions 100354 ; OUI 106006 ; NON 138993.
Seine-Maritime :
inscrits 804903 ; abstentions 244700 ; OUI 255513 ; NON 304590.
Ensemble de la Normandie :
inscrits 2121234 ; abstentions 632406 ; OUI 695655 ; NON 793173

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« L'Europe ne se construira pas sur un magma de culture uniformisées... elle a besoin de se nourrir de la diversité et de la richesse de ses traditions.

« Les régions constituent des interlocuteurs privilégies, appelés à se concentrer sur leurs missions essentielles. L'espace européen qui n'est pas homogène appelle en effet des traitements différenciés.

« Certes, dans la compétition à laquelle nous ne pouvons échapper, la Normandie serait mieux armée si elle réunissait enfin les cinq départements qui la composent. »

Pierre Albertini
Conseiller Régional de Normandie

Vers la fin du cassoulet aux escargots ?

La réglementation adoptée par les ministres des douze protégera tous les produits d'appellation d'origine ou disposant d'une indication géographique.
L'appellation d'origine contrôlée (A.O.C.) s'élargit donc vers l'appellation d'origine protégée (A.O.P.), mais le nom de camembert, succès oblige, restera dans le domaine public. Pour prévenir le consommateur, le statut d'indication géographique Protégée (I.G.P.) interdira de préciser « de Normandie» ou « fabriqué en Normandie» si le produit ne fait qu'y transiter.
Afin de préparer cette défense des produits régionaux, le Conseil National des Arts Culinaires (C.N.A.C.) mis en place par MM. Lang et Mermaz, se tient à disposition, des régions de programme pour la modique somme d'un demi-million de francs. (COUAC)

Twingo génération Mac Do ?

Décidément, il doit être dur le souvenir du discours de Mexico dans la tête du dirigeant politique qui voulait défendre « notre culture » contre l'impérialisme U.S.

La Régie Renault (d'État) adopte le slogan publicitaire le plus idéologiquement suicidaire du siècle en associant la production d'une automobile française au symbole le plus virulent de l'invasion alimentaire, ambassadeur du monde le plus capitaliste (mais le gouvernement français est-il encore socialiste ?) d'une entreprise manifestement impérialiste et américaine (Cuba, Che Guevara ont- ils existé ?).

Pour l'État qui se veut le fer de lance de l'européisme cela nous promet des lendemains qui (dé)chantent.

SEINE NORMANDIE

Une fois de plus Paris, capitale oblige, entend régenter tout ce qui semble vital à sa survie sans vouloir prendre en compte les intérêts de ses « partenaires » réduits à une simple figuration muette… Qu'il s'agisse de gravières normandes sur exploitées pour le bâtiment et les travaux publics d'Île de France (13 000 F. le m² pour 140 000 logements d'ici 25 ans) ou de « politique » des eaux, tout doit aller au profit exclusif de nos incontournables voisins.

Depuis quelques mois des campagnes de « Promotion du Patrimoine Culturel » mettent en avant la volonté de l'agence « Seine Normandie » de dépolluer et de purifier les eaux de la baie du Mont Saint Michel... tandis que la Seine reste le principal vecteur de pollution en plomb, mercure et cadmium de la Manche.

« Jusqu'aux portes de la capitale, vous avez une eau claire, riche, l'éco-système est vivant dynamique » (Ghislain de Marcilly du C.N.R.S.). Après … 200 000 m3 d'eaux usées, non traitées sont déversées chaque jour dans le fleuve parce que les parisiens ont pétitionné contre l'extension de la station d'épuration d'Archères sous prétexte de mauvaises odeurs !

A Paris actuellement seuls 80% des eaux usées sont traitées, et ce traitement ne concerne ni les phosphates, ni les nitrates. Si la directive européenne du 31 mai 1991 était appliquée l'Île de France devrait effectuer une sérieuse mise en conformité de son réseau d'égouts « haussmannien », ce dont, semble-t-il, elle préféré réaliser l'économie en préconisant de cesser l'approvisionnement en eau le temps du passage d'une pollution.

Tout ceci serait plaisant si il ne s'agissait que de « cadre de vie », après tout « en province ... ». La croissance des nitrates constitue un réel danger pour la santé des populations les plus fragiles en s'attaquant aux globules rouges chez les petits enfants et en favorisant les cancers.

Une solution s'impose alors pour continuer d'alimenter en eau potable la population francilienne : le captage et l'adduction des sources des vallées de l'Eure et de l'lton.

Une fois de plus, les Normands font les frais d'une politique qu'ils subissent sans pouvoir véritablement défendre leurs intérêts vitaux.
Jean Halot

Betterave

Au gouvernement français qui, inlassablement depuis huit siècles, après les barons et les clercs trop normands, poursuit son œuvre de démantèlement de la Normandie sous des prétextes autant immédiats qu'irréfléchis.
Après La Poste, la S.N.C.F., la gestion du littoral, source de richesses naturelles est bradée, la Navale quitte Cherbourg, la Flottille du Nord part à Brest et la Direction de la Construction Navale (six mille personnes) voit ses activités révisées à la baisse.
Comme quoi l'on peut toujours parler de Paris et du désert français.

Betterave

Pour les élus « de Normandie » qui, sensés défendre les intérêts de la Basse-Seine, ont courageusement négocié la transformation du demi échangeur de Beuzeville en échangeur complet contre la concession de l'A 28 à la Société d'Autoroute Paris-Normandie (S.A.P.N.)

Lorsque l'on se souvient du délirant manque d'enthousiasme dont ils ont su faire preuve lors du montage financier du Pont de Normandie ...

Que Dieu nous protège de nos « amis ».

HUMEUR

Convoqués ... Vous avez dit convoqués !

J'étais présent lors du conseil d'administration du Mouvement Normand à Vimoutiers du 29 février 1992 où l'un des intervenants faisait remarquer que le conseil régional d'Île de France convoquait les représentants des conseils régionaux voisins afin d'harmoniser leurs plans de développement respectifs.

Cette petite phrase et ses sous-entendus m'ont parus très lourds de sens dans le débat sur la régionalisation française, En effet, si le C.R. d'Île de France se permet purement et simplement de convoquer les représentants des C .R. voisins, cela implique un rapport de subordination qui me semble totalement intolérable.

Qu'il soit bien entendu qu'il ne s'agit pas nullement, à mes yeux, de refuser toutes coopérations avec des régions voisines, y compris l’Île de France, mais je ne peux tolérer qu'un rapport de hiérarchie s'instaure entre régions qui, par définition, doivent être considérées comme égales entre elles selon le principe de l'organisation républicaine actuellement en vigueur en France, sauf erreur de ma part.
Que l’Île de France manœuvre pour conforter la prépondérance à laquelle elle ambitionne est déjà inquiétant et que nos représentants acceptent ce genre de traitement sans y trouver à y redire ne révèle, après tout, que leur manque de fierté pour les charges électorales qu'ils occupent, mais cela implique, et c'est là que le bât me blesse, que les électeurs, de toutes tendances d'ailleurs, qui les ont amenés à ces postes sont, par ce traitement, considérés comme des citoyens de seconde zone !

Sommes-nous donc les ressortissants d'une colonie, d'un dominion ? Les plans de développement inter régionaux ainsi « harmonisés » semblent, hélas, le prouver puisque les régions périphériques à l'Île de France sont mises en coupe réglée au bénéfice des seuls franciliens avec l'aval du gouvernement et des états-majors des partis nationaux. Nous arrivons à l'institutionnalisation d'une France à deux vitesses alors que dans le même temps, l'on nous rebat les oreilles avec la constitution d'une Europe confraternelle et surtout égalitaire entre ses différentes composantes. Dans une pareille perspective, Messieurs les beaux parleurs feraient bien, à mon sens, de revoir leurs positions sur cette « organisation » intérieure avant de tenter une construction somme toute assez hasardeuse sur des fondations présentant un tel défaut. (aussi peu fiables - un tel vice)

Dominique Delapierre