On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



mardi

Leurs figures.2

La publication des Chants d’Ossian, à partir de 1760, a donné une première impulsion à la recherche de l’identité nationale. Retrouver l’identité nationale, s’affranchir des modèles anglais, tels sont les buts des mouvements qui se sont consacrés à la renaissance gaélique. Cette croisade est menée parallèlement à la lutte politique des Irlandais pour leur indépendance, exaltation lyrique des sentiments, retour au passé national, toutes ces composantes du courant romantique correspondent au tempérament irlandais et, petit à petit, on voit se dégager les traits particuliers qui vont déterminer les conditions du réveil irlandais.

Theobald Wolfe Tone « fut le plus grands des nationalistes Irlandais. Je crois bien qu’il fut le plus grand Irlandais. Plus grand que saint Patrick, car Patrick apportait la vie, alors que cet homme est mort pour nous… » disait Pearse. Nous ne sommes pas à un paradoxe près, mais ce père du nationalisme irlandais, né à Dublin en 1763, ignorait tout de l’Irlande rurale qu’il souhaitait émanciper. Il méconnaissait la langue, les traditions orales, la culture souterraine de ce peuple courbé et divisé dont il voulait faire une nation libre et unie. Le Gaël lui était étranger et sa soif de liberté tenait plus des théories de Locke et de l’esprit des lumières. Anticatholique fervent, cet étrange décolonisateur, admirateur du jacobinisme parisien, périra sous l’uniforme de général des armées de la Révolution française, en se tranchant la gorge dans sa cellule de Dublin, et mourra le 19 novembre 1798.
Fils de famille, élégant, raffiné et très lancé dans le monde, Robert Emmett voulut arracher à l’Angleterre l’indépendance de l’Irlande. Rien de moins, mais rien de plus. L’idée de rendre justice aux catholiques Irlandais dépossédés lui tira cette réplique : « Par bonheur, nous sommes tous Protestants, et personne ne peut nous soupçonner d’agir par intérêt personnel. »
Le 23 juillet 1803, à la tête de quatre-vingt hommes, il provoque une émeute dans les bas-quartiers de Dublin, qui ne durera pas deux heures. Il plaidera sa cause contre « l’inhumaine oppression, en faisant référence aux droits de l’homme et réclamera que nul n’écrive son épitaphe avant « que l’Irlande [n’ait] pas repris son rang parmi les nations de la terre. »
Pendu, puis décapité le 29 novembre 1803, sa renommée confine au mythe avant la fin de la même année. Pearse dira « il nous a laissé un souvenir plus glorieux que le souvenir de Brian, … c’est le souvenir d’un sacrifice ». Au-delà des concepts de révolution, d’insurrection, le nationalisme Irlandais invente avec Emmett la protestation sanglante, le sacrifice ultime. L’esprit des lumières n’avait certes pas prévu ce patriotisme de flagellants.
Eamon de Valera naît à New-York le 14 octobre 1882 d’une mère Irlandaise, qui l’enverra en Irlande à la mort de son père. De Valera, partisan de l’indépendance, rejoint l’Irish Volunteers au sein du Sinn Fein. Lors des Pâques sanglantes il occupe le Moulin de farine « Baland » et sera un des derniers chefs de l’insurrection à rendre les armes. Sa double citoyenneté lui sauvera la vie et, en 1917, il sera élu triomphalement au Parlement Anglais. En octobre 1917, il sera à la tête du Sinn Fein d’où il refusera la conscription puis, en qualité de président de la République (illégale) d’Irlande, dénoncera la sécession de l’Ulster en décembre 1921. Position désavouée par l’électorat en janvier 1922, il quittera ses fonctions et participera à la guerre civile dans les rangs des insurgés. Réélu président en janvier 1932, il conservera le pouvoir jusqu’en octobre 1948.

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