On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



mardi

La fonction loisirs fera-t’elle la mort de la forêt ?

Jamais nos forêts n’auront fait l’objet d’autant de soins.
Jamais elles n’auront été autant victimes de cette nouvelle fonction de loisirs qu’on cherche à développer dans la forêt « profonde ».
Il reste peu de forêts vierges en Europe. Depuis plus de temps qu’on ne l’imagine, utilisées pour leurs ressources, comme espaces à conquérir avant de retourner à l’état de forêt (hors de l’État), les espaces boisés sont des espaces vivants, ce que la modernité nous a appris à oublier. Oubli que la forêt de Brotonne, par exemple, n’a pas toujours existé comme nous la voyons, que les contours des massifs forestiers s’agrandissent et rapetissent. Oubli que la forêt « idéale », la forêt originelle est une utopie, les grandes et belles forêts aux arbres hauts et fiers sont des espaces créés et gérés par l’homme. Oubli que les plus eaux ensembles forestiers ont été plantés de main d’homme voici deux à trois cents ans pour alimenter la construction navale d’aujourd’hui.
La forêt était aussi un espace soumis à ses propres lois, humaines ou « divines » : pâture, cueillette, industrie faisaient la part belle de son entretient ; simples et sources soignaient bêtes et gens.
À l’époque où la rencontre avec l’ours, le loup, le chat et le renard n’étaient pas aseptisées par un commentateur T.V., la forêt était un lieu de vie courant, très éloigné de nos préoccupations idylliques ou hédonistes.
Aujourd’hui, les campagnes se sont dépeuplées, un tiers des populations riveraines se rend une ou plusieurs fois par semaine en forêt – 47% apprécient les petits oiseaux, 80% considèrent que la forêt est menacée par les incendies et qu’en conclusion il convient le limiter les coupes de bois. Cette idéalisation de la forêt ne signifie pas pour autant un retour au sacré ou au merveilleux. Les valeurs éternelles que l’on vient y chercher sont égocentriques, sport, culture que l’on voudrait écologique, pour les plus honorables.

En s’éloignant de la nature, les hommes ont appris à l’aimer, mais à la façon dont on se complait dans l’évocation du souvenir d’une vieille maîtresse dont on se remémore mal les traits imprécis.
Jean Halot

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