On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



vendredi

Les Normands de Sicile

Au onzième siècle, la Normandie est l'un des États les plus prospères d'Europe. Sa situation géographique en fait le trait d'union entre les pays Scandinaves et le reste de l'Europe. Ses réseaux de communications lui donnent une place privilégiée pour le commerce. L'Empire des Normands s'est établi du monde connu jusqu'aux « Amériques ».
De cette soif de conquêtes, nous avons pour nous le rappeler, l'exemple de l'Angleterre ou le fils d'Arlette et de Robert le Magnifique prit sa revanche sur ses contempteurs, punit le parjure Harold et ouvrit à l'Angleterre les chemins de l'Histoire.
Mais l'expansion de l'Empire Normand est tout aussi bien le fruit des circonstances que celui de plans longuement élaborés. Ainsi en fut-il pour la Sicile.
Longtemps convoitée par ses riverains de la Méditerranée, cette île, aux dimensions d'un royaume, devint par la volonté d'une famille le phare politique, culturel et économique du Sud de l'Europe.
En 1016, un navire chargé d'une quarantaine de Normands revient de Terre Sainte et double le Sud de l'Italie. Le destin le même a Salerne, ville assiégée par les Sarrasins, et prête à déposer les armes. La Foi, ou l'esprit d'aventure, pousse nos chevaliers à combattre l'assaillant, à briser son assaut pour le mettre en fuite.
Accueillis en héros, les Normands mesurent l'étendue des richesses qui abondent dans le pays, autant que les faiblesses à les défendre. De retour au pays, les pèlerins racontent à leurs compatriotes le paradis de Salerne.
Il n'en faut pas plus pour décider cadets et aventuriers du Clos Cotentin à se réunir en expédition sous la bannière des fils de Tancrède de Hauteville. La Sicile tombe aux mains des Normands qui font désormais peu de cas des querelles anciennes. Ils méprisent les latins autant que les byzantins et décident d'organiser, à leur propre bénéfice, l'harmonisation des multiples composantes de la Sicile. Cette réussite, rapide et éclatante, suscite des réactions auxquelles les barons Normands répondent sans état d’âme : l'un des fils de Tancrède est poignardé alors qu'il assiste à la messe, son meurtrier aura les membres sciés et sera enterré vivant devant ses parents, sa famille. Le Pape se méfie de la puissance de ses nouveaux voisins. Il rassemble les envieux et les mécontents, attise les rancœurs, organise les attaques contre ceux qui tiennent maintenant la Calabre et les Pouilles. La coalition est défaite et Léon IX, chef de la conjuration, est capturé. Guillaume Bras de Fer sait quand il faut être guerrier et quand l'heure est à la diplomatie. Il prête allégeance à son prisonnier, jure, en fils respectueux de son Église, de convertir ... les Orthodoxes et d'assurer la sécurité en Méditerranée face aux Sarrasins.
Ainsi, partie de Normandie, une famille de cotentinois eut-elle l'occasion de créer un Empire en Méditerranée qui égala Byzance et permit la naissance d'une saga encore bien vivante loin des rives de la Baltique. Mais peut-on vraiment parler de mythe lorsque l'on sait combien est encore présente la civilisation Normande dans la tradition d'un peuple qui fut plus subjugué que conquis.
Bertrand Lévêque

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