On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



dimanche

Lyon, capitale des Gaules ?

Que pesait jadis Lutèce face à Lyon ? Lutèce était, aux temps celtiques, une île fortifiée, et à l'époque gallo-romaine, une ville commerçante. Lugdunum est plus difficile à cerner, par le débat sur son importance démographique, politique ou économique, Par exemple, des spécialistes s'affrontent quant à savoir si Lyon était en Celtique ou en Narbonnaise. Toujours est-il qu'en 13 B.C. la Gaule est divisée en trois provinces, et Lyon devient la capitale des « Trois Gaules ». L'axe Séquano-rhodanien fut le plus tôt christianisé, puisque le plus romanisé. La ville qui vit naître Claude est aussi celle de la martyrologie catholique. Après les effondrements politiques successifs (chute de l'Empire Romain d'Occident, chute de l'Empire carolingien), la « France » a gardé son titre de « fille aînée de l'Église » et l'archevêque de Lyon celui de primat des Gaules. En effet, la seule institution française qui n'ait subi d'interruption depuis l'é poque gallo-romaine, c'est l'Église. Ainsi Lyon est la capitale religieuse de la France.

Mais c'est tout. L'héritière de Lutèce. Paris, est toute puissante. Comme Lyon, confluent de la Saône et du Rhône, Paris est au cœur d'une zone stratégique. Au centre du bassin parisien, au bord du fleuve le plus navigable, au milieu des meilleures terres, à l'endroit où se déversent et se mélangent les richesses et les hommes de toute l'Europe occidentale. Il est alors compréhensible que dans une Gaule du Nord bouleversée par les invasions, elle devienne la capitale du Regnum Francorum de Clovis et de ses descendants.

Nous ne parlerons pas ici de la mafia des marchands d'eaux de Paris, pas plus que de la félonie des parisiens face au pouvoir en place (Guerres de Cent ans, Guerres de Religion, « Révolution » française). Interrogeons nous plutôt sur le bonheur du choix de Paris comme siège du pouvoir central. Paris s'est accru, tant politiquement, que démographiquement et économiquement : c'est l'hégémonie parisienne favorisée par un État hyper-centralisé. De cinq cent cinquante mille parisiens et un million trois cent cinquante mille franciliens sous le Consulat, Paris a enflé, aspirant les hommes, engloutissant les provinciaux, puis les étrangers. De source officielle. Paris comptait deux millions cinquante quatre mille cent soixante dix huit habitants et l'Ile de France plus de dix millions en 1986. La France compte cinquante six millions d'habitants. Carrefour de déracinés, centre de brassage – depuis toujours – Paris attire, Paris aspire, Paris se gorge.

Mais Paris et sa région ne représentent que 2,2% du territoire « national » pour vingt pour cent (au moins !) de la population. Il y a là, à Paris et dans sa banlieue, mais aussi dans la Brie, l'Étampois, le Gâtinais, le Mantois et le Vexin (Normand ?) une concentration de population gigantesque. Il faut la loger. L'Ile de France se hérisse de cités, de lotissements, de zones. Lorsque l'on s'aperçoit des disparités économiques de l'Ile de France, on décide d'aider les gens à se déplacer et on conçoit des réseaux ferrés ou routiers qui quadrillent le paysage. Parfois, le pouvoir central, à Paris, semble s'émouvoir de ce gouffre que constitue la capitale. Il décrète alors des mesures décentralisatrices pour inciter les franciliens â travailler en province … et de nombreux provinciaux, rouennais ou lyonnais, se déplacent quotidiennement vers Paris.

Cet entassement urbain serait cocasse si cette urbanisation anarchique ne se faisait sur les meilleures terres de France. Des terroirs riches, comme la Brie, se sont couverts d'habitations, d'autoroutes.

Cette vérité est déjà révélatrice d'un manque d'organisation et de prises de responsabilité typiquement français. Les problèmes sont toujours éludés, voire masqués, rarement abordés avec franchise.

Ainsi, les meilleures terres sont gaspillées, polluées. Notre propos n'est pas de dresser un catalogue des inepties franciliennes. Mais alors que beaucoup d'entre nous prennent conscience de l'utopie centralisatrice des conservateurs français, les quelques terroirs jusqu'ici sauvegardés sont bétonnés. C'est le cas de Marne la Vallée, où l'immobilier flambe, et où des larrons veulent convertir les moutons que nous sommes (!) à la grand'messe d'Eure Disney.

POURQUOI ?

Si Lyon était capitale de la France (1), les terres grasses du Bassin parisien n'auraient pas été massacrées. Tout au plus Grenoble et Saint-Étienne seraient dans la banlieue, des terres ingrates (sauf pour le vin !) sacrifiées à l'Urbs. Nous, Normands, aurions mieux conservé nos particularismes. Qui sait ? L'Angleterre serait peut-être encore à nous !
Lev Efellergis
(1) D'ailleurs la France ne s'appellerait pas France.

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