On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



mardi

Une simple histoire de Baltes

Bien que l'histoire proprement dite des pays Baltes ne commence qu'au XIIème siècle, avant cette période existe une documentation, assez pauvre et essentiellement archéologique.
La différence des états Baltes repose essentiellement sur la linguistique où deux groupes prédominent :
– les finno-ougriens, composés des Lives du Golfe de RIGA, les Ingriens du lac Peïpou et les Estes du golfe de Finlande dont le peuplement se situe au début de l'ère chrétienne. Cependant le caractère primitif des Estes et des Lives – pauvreté du vocabulaire et absence d'organisation politique – a entraîné le remplacement des tribus finno-ougriennes les plus méridionales par les Baltes.
– les Baltes représentés par trois rameaux indo-européen :
Les Prussiens ; les Lettes, Coures, Sémigalliens et Letgalliens ; les Lituaniens.
Leur présence est plus ancienne puisqu'elle est attestée au second millénaire avant J.-C., ce qui fait des Baltes l'un des premiers peuples européens connus.
Loin de Rome, le commerce crée l'histoire. Les connaissances romaines sont pratiquement nulles, les AESTI, dont parle Tacite, ne désigne que l'ensemble des peuples vivant à. l'Est de la Germanie.
TALLINN: (Estonie) La ville doit son nom « ville danoise » à la conquête, en 1219 par le roi du Danemark, Valdemar II, d'une ancienne forteresse surveillant un port dont le destin allait se confondre avec celui de la Hanse jusqu'à ce que la cité commerçante adopte la religion Réformée et se place, en 1561, sous la protection de la Suède. Arrachée en 1710 par Pierre le Grand qui y fonde un port de guerre, Tallin devient une sorte d`avant port de Saint-Pétersbourg, se substituant à ce dernier lorsque la glace interdit l’accès des bouches de la Neva.
Les scandinaves dès le VIIème siècle, créent une thalassocratie, puis évangélisent le pays des Lettons, sur le fleuve DVINA, inaugurent un développement économique précoce. Au IXème siècle les liens commerciaux avec les Ostrogoths sont renouvelés avec les Varègues qui étendent leurs relations jusqu'à BYZANCE et BAGDAD.
Malgré tout au XIème siècle le pays Letton est encore à l'âge du fer et se compose d'une demi-douzaine de principautés où le catholicisme pénètre lentement jusqu'au XIIIème siècle. S'organisent alors des croisades et des colonisations qui sont autant d'entreprises politiques et militaires.
La poussée allemande correspond à l’expansion économique et maritime de la HANSE. En 1201 Albert de BUXHÖVDEN crée RIGA et y Installe des bourgeois de BREME. En 1204, il crée l'ordre du PORTE-GLAIVE : la Foi est imposée par l'occupation et provoque des soulèvements comme celui de l'île d'Oesel qui sera écrasé avec l'appui du roi de Danemark.
RIGA : (Lettonie) Fondée en 1201 par Albert de Buxhövden, d' abord port hanséatique avant de devenir avec Tallin et Vyborg une des villes fortes interdisant l'accès de la Baltique aux Russes. Enlevée par les troupes de Pierre le Grand en 1721, la ville vit son commerce décliner du fait de la concurrence avec Saint-Pétersbourg et de sa situation de ville frontière avec la Pologne.
Le PORTE GLAIVE voit sa progression vers l'Est stoppée en 1242 Par Alexandre NEVSKY au lac Peïpous (Eisenstein fait une erreur communément admise en décrivant les TEUTONIQUES).
Le développement du commerce enrichit les villes qui sont, de fait, des principautés allemandes mais ruine les propriétaires ruraux ; on assiste à un transfert des terres au profit d'une nouvelle aristocratiques bourgeoise de colonisation.
Les lituaniens résistent aux TEUTONIQUES, au XIIeme siècle, Mindogas, chef des tribus païennes, profitant de l'instabilité des principautés progresse à l'Est. Ses successeurs, convertis au catholicisme, seront, au XIVème siècle, à la tête d'une fédération de peuples à majorité ruthène et orthodoxe dont les territoires iront jusqu'à la Mer Noire. En 1386, l'un d'eux, Jodaïla, épouse Edwige héritière du roi de Pologne et le Grand Duché de Lituanie atteindra son apogée au XVème siècle à TANNENBERG (1409) en repoussant l'Empereur et les Teutoniques.
PORTE GLAIVE : créé en 1202 par Albert de Buxhövden, évêque de Livonie. Celui-ci venait de fonder la ville de Riga et institua cet ordre pour évangéliser la Livonie alors païenne. L'ordre du fusionner avec les Teutoniques en 1234. En 1525 le grand maître de l'Ordre Teutonique opta pour la Réforme ce qui entraîna là recréation du Porte Glaive qui se maintint jusqu'en 1561.
Le XVIème siècle voit la prépondérance polonaise, mais la majorité des lituaniens est restée païenne, et beaucoup de nobles lituaniens se tournent vers le Tzar. Devant ce danger le traité d'union de LUBLIN, en 1569, marquera la fusion de la Pologne et de la Lituanie.
La Réforme touche les villes, en 1587, un livre de psaumes est rédigé en letton. La Contre-réforme utilisera les langues lettonne et lituanienne dans ses collèges et à l'université de Vilnius. Paradoxalement allemands, suédois et polonais sont à l'origine de la littérature écrite Balte.
Les suédois maintiennent leur domination sur l'Estonie et la Livonie, en 1662 ils fondent l'université de TARTU. Mais la rigueur de cette suzeraineté entraîne la réaction des barons baltes attachés à leurs privilèges exorbitants. En 1709, lorsque le Tzar envahit la Livonie il sera accueilli par la noblesse locale comme un libérateur.
Les droits des barons sont rétablis ce qui provoque l'exaspération des paysans, à tel point que HERDER et MERKEL – philosophes allemands – découvrent le nationalisme au travers du problème social Balte.
La révolution libérale russe de 1830 accélère le réveil national Balte. La révolte lituanienne reste cependant le fait de la noblesse, de la bourgeoisie et du clergé « polonisés ». La répression s'attachera donc à « dépoloniser » le pays mais renforcera le sentiment de triomphe du nationalisme lituanien, malgré la fermeture de l'université de Vilnius.
En Estonie et en Lettonie le pangermanisme des barons entraîne la russification de Taitu.
Au début du XXeme siècle la russification devient une manifestation d'hégémonisme orthodoxe.
L'essor industriel cause l'exode rural, l'arrivée des populations dans les villes favorise le développement du nationalisme : Riga devient lettonne. La révolution russe de 1905 permet la renaissance littéraire Balte.
Après l'invasion allemande de 1915, le traité de Brest-Litovsk, en 1917, consacre l'occupation des Pays Baltes, mais les projets allemands soulèvent l'opinion internationale. Lorsqu'au lendemain de l'armistice le général van der Goltz commettra un coup d'État contre le gouvernement Letton et, en bombardant Riga, la résistance des Baltes sera redoublée.
En 1920 les États Baltes sont reconnus de facto. Mais le flux et le reflux des armées allemandes et soviétiques, le départ des capitaux russes provoquent l'anéantissement de la vie industrielle et commerciale,
Une alliance lituano-russe est constituée pour récupérer Vilnius, mais la conférence internationale de 1923 confirme les frontières de 1920. L'instabilité ministérielle et la lutte contre le bolchévisme conduisent en 1926 à la dictature ; la réorganisation sociale et économique s'appuie sur la réforme agraire et le morcellement des grandes propriétés.
MEMEL : (Lituanie) L'histoire de la ville et du territoire de Memel est étroitement liée à celle du flux et du reflux du germanisme dans les Pays Baltes. Fondée en 1252 par les chevaliers du Porte Glaive, sous le nom de Neu Dortmund, érigée en ville en 1254, Memel devient possession de l'évêque de Courlande ; en 1328, elle passe au domaine de l’Ordre Teutonique. Devenue, de ce fait, prussienne, elle le restera jusqu'au 10 septembre 1920.
Fin 1938, le IIIème Reich pose le problème du rattachement de MEMEL alors sous administration lituanienne. Pour preuve de leur neutralité les trois États Baltes signent en 1939 un pacte de non-agression avec l'Allemagne Mais la signature, dès août 1939, du pacte germano-soviétique livre les trois États à l'U.R.S.S.. Cette dernière leur imposera, devant le danger nazi, en 1940, un traité laissant le champ libre à la résidence de ses troupes. Le 21 juillet 1940 les parlements, hâtivement élus, où dominent les communistes, décident la soviétisation et le rattachement des trois pays à l’Union ; commencera alors la liquidation physique des opposants, exécutions, déportations, pillages massifs qui ne seront interrompus que par l'arrivée des allemands en juin 1941.
Des gouvernements provisoires sont formés, mais l'échec de la politique de collaboration et l'organisation de la résistance conduisent au rattachement des Pays Baltes à la Biélorussie sous le nom d'« Ostaland ». La progression des armées soviétiques à partir de 1944 rétablit le statut politique de 1940 dans les trois pays.
La Lituanie, la Lettonie, l’Estonie forment les 16e, 17e et 18e Républiques Soviétiques Socialistes de l'Union.
D'après la constitution soviétique, chaque république jouit de son autonomie politique et culturelle ; en Lituanie, en 1945, cinq commissaires sur onze étaient russes sous des noms lituaniens. En réalité le Parti Communiste, dont les cadres supérieurs sont russes, contrôle toute la vie politique, économique et culturelle du pays.
La « dékoulakisation », ou démantèlement des propriétés, conduit à la prolétarisation des campagnes, la résistance à la russification et à la collectivisation provoque la fuite de la main d’œuvre ; l'élimination des réactionnaires et des nationalistes laisse apparaître un plan de dépopulation et d'anéantissement du nationalisme Balte ; déportation massive et installation de colons soviétiques, emploi du russe comme langue officielle et lutte antireligieuse.
Jean-François BOLLENS

Aucun commentaire: