On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



mardi

Le Parc régional de Brotonne

La création de Parcs régionaux en France est une idée tardive. La faible densité humaine repartie sur l'ensemble du territoire a longtemps laissé dominer l'impression que l'espace était infini, le rôle prépondérant de l'agriculture a conforté cette impression. Mais la croissance de l'urbanisation, les problèmes liés à la maîtrise de l'industrialisation et l'accentuation de l'exode rural (1) ont conduit à définir de nouvelles structures pour pallier les risques inhérents à une désertification du monde rural.
Située entre Rouen et Le Hâvre, traversée par l'axe séquanien, l'A13 et bientôt l'A29 les collectivités locales et territoriales ont pris conscience que cette concentration pouvait être fatale a la région de Brotonne : destruction des sites, mitage pavillonnaire, tourisme sauvage, industrialisation anarchique. Le Parc ne refuse pas un développement, il spécule sur la gestion intelligente d'un espace de qualité liant patrimoine et économie locale.
La région de Brotonne représente un patrimoine très particulier car il fait la synthèse d'une partie de l'espace Normand oriental : Pays de Caux, Val de Seine, Roumois et Marais Vernier, sur une superficie de 49 000 ha dont 12 000 de forêts.
Par la mise en place d'une procédure de lancement qui regroupait trente-trois communes adhérentes et les Conseils généraux de l'Eure et de la Seine-Maritime, puis l'inscription du projet au schéma d'aménagement de la basse Seine en décembre 1969, le projet prévoyait l'amélioration du bâti, la préservation des particularités géologiques, de la faune et de la flore. Les premières actions s’appliquèrent dans des créations de clubs sportifs et par la promotion de trois hameaux expérimentaux visant à produire « beau et bon marché ».
L'énumération met en lumière la multiplicité des aspects que comportait l'opération Parc. Aménagement global du cadre de vie, facteur de promotion économique et de mise en valeur, le parc devait procéder d'un esprit de recherche et être un « prétexte à faire des choses ».
La charte constitutive précisait les limites géographiques du Parc, définissait globalement les programmes et les moyens. L'article 7 donnait pour orientation générale la responsabilité des politiques locaux pour maintenir l'activité agricole menacée par la pression urbaine. L'article 24, antilibéral, fixait les limites au développement d'opérations uniquement inspirées de préoccupations commerciales, tout en prévoyant les modalités d'implantation, d'exploitation moyennant une participation aux frais de fonctionnement du Parc.
Sous la gestion d'un Syndicat Mixte associant communes et départements, l'Office National des Forêts, les Chambres d’Agriculture, de Métiers, de Commerce de d'Industrie des plans d'équipement et de financement furent établis, mais les réticences des collectivités locales firent que les communes ne devaient supporter plus de 1,5% du coût global de l'opération. Le Parc devait trouver son auto financement avant les dix années suivant sa mise en place. Par contre le principe de péréquation des recettes était retenu.
« Ni musée, ni kermesse, ni réserve d'indiens, ni Luna park, le Parc Naturel Régional de Brotonne se veut un outil de promotion et de mise en valeur au bénéfice de la population résidente et des citadins qui viennent s'y récréer. »
Cette affirmation aura finalement le mérite de nous permettre de constater que toutes les bonnes intentions ne feront jamais plus que le bon vouloir des intéressés.
Pourtant «L'enjeu est d'importance dans cette basse vallée de la Seine promise a un grand avenir industriel et beaucoup d'élus locaux l'auront compris pour qui le Parc est une question de vie ou de mort ! »
Bernard Fontalirand en 1972 faisait preuve, de clairvoyance, et son jugement vaut encore aujourd'hui où l'on propose jachère et gel des terres qui conduisent à la désertification de notre espace rural. II serait même sain de s'en inspirer pour ce qui concerne la Vallée de Seine entre Pont de l'Arche et les limités de l'Île de France, où l'I.A.U.R.I.F. (2) a délégué un préfet à son service pour veiller au bon aménagement de ce que l'Île de France considéré désormais comme un de ses espaces naturels d'expansion.
J.-F. BOLLENS

(1) pour une population en baisse démographique de 8 000 unités de 1851 à 1954.
(2) Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de l'Île de France.

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