On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



lundi

Vers un nouvel aménagement du territoire !

La classe politique française ne sait plus comment faire face à la situation économique et sociale. Certains semblent redécouvrir les vertus de l'aménagement du territoire, mais négligent de préciser qu'aucun progrès ne sera réalisé s'il n'est mis fin à l'hypertrophie de l'Ile de France où sont concentrés tous les pouvoirs et les moyens qui règlent nos destinées.

L'aménagement du territoire n'est pas la panacée qui résout tous les problèmes après quelques incantations. C'est une politique à long terme dont le but doit être l'harmonisation des ressources humaines et matérielles pour assurer l'intérêt général.

La France est, sans aucun doute, le modèle du centralisme, inégalable au moins dans la durée. Les structures bureaucratiques omniprésentes offrent une impunité à ses serviteurs qui ferait pâlir d'envie tous les dictateurs. Les résultats d'un tel système sont éclatants : l'Ile de France est, en poids, la première des régions ; elle concentre sur deux pour cent de l'hexagone un tiers de la richesse nationale, deux-tiers du "tertiaire" supérieur, soixante-sept pour cent des diplômés de l'enseignement supérieur. Cette richesse de moyens n'attire pas que la richesse et si le ministre de l'Intérieur décide d'ouvrir un débat national sur l'aménagement du territoire, ce n'est certainement pas pour, subitement, partager ses meilleures cartes avec des partenaires provinciaux.

– L'Ile de France prend conscience que l'ouverture des partenaires européens vers l'Est a déplacé l'axe industriel de la communauté européenne vers l'Orient, minimisant la place de Paris, donc de la France, dans le concert des douze. Les atermoiements de la Bundes Bank lors de l'assaut estival contre le Franc en sont un avertissement.

– L'Ile de France est une région, son territoire n'est pas extensible. La croissance démographique et les mœurs actuelles ne permettant pas de continuer indéfiniment d'entasser verticalement ses nouveaux habitants, un partenariat s'impose avec les autres collectivités du Bassin parisien.

– La première solution envisagée a été le Grand Bassin Parisien. Cette machine de guerre contre les provinces limitrophes aurait impliqué une approche trop longue et trop de moyens pour mettre Normandie, Champagne et autres Picardie en coupe réglée.

– La seconde possibilité c'est de présenter un aménagement du territoire profitable pour l’ensemble des régions périphériques. Tout le monde a son mot à dire et sa part de responsabilités à assumer, pour que des cadres supérieurs qui peuvent supporter les coûts de vie ou immobiliers d'une mégalopole restent près de la capitale et les autres : jeunes, cadres intermédiaires du tertiaire et moins jeunes, puissent trouver de nouvelles terres d'asile à la portée de leurs moyens.
Ce second scénario, qui s'inscrit localement dans le sens des conclusions du Projet Régional d’ Aménagement du Territoire "haut" Normand, autant que dans les souhaits vertueux de Charles Pasqua, sera certainement la solution retenue pour la plus grande satisfaction de tous. Bien que ...

Réfléchissons bien.

Compte tenu de la situation économique, les jeunes rencontrent de plus en plus de problèmes pour s'intégrer à la vie active. La crise que nous traversons est dénoncée depuis vingt ans comme liée à la conjoncture, mais si elle était structurelle comme quelques uns commencent à le dire ? Cela nous changerait du credo entendu ! Le problème irait alors, donc, en croissant.

Les actifs du tertiaire ? Activité merveilleuse, non polluante ... c'est bien le tertiaire, mais avons-nous assez marqué notre opposition aux turbo-profs pour accepter que la région devienne un dortoir en contrepartie du plat de lentilles que figurerait l'amélioration des communications qu'on nous refuse depuis vingt ans ? Allons-nous nous résigner à dépenser un milliard six cents millions pour former des diplômés qui iront produire ailleurs ?

Quant au troisième âge – en dehors de toute considération financière (puisque passé cinq ans les coûts sociaux sont à la charge des collectivités d'accueil, que la retraite est à soixante ans et que l'espérance de vie s'accroît de trois mois tous les ans) – reconnaissons que ce n'est pas une hypothèse de développement régional très dynamique.

Il faut malgré tout raison garder. Le département de Seine-Maritime est le premier de France pour le surendettement. L'industrie Normande est soumise à des pressions extérieures de plus en plus fortes à mesure que ses centres de décisions s'éloignent de Normandie. Il n'est pour exemple que de se rappeler l'affaire des cimentiers des mois de juillet-août à propos d'implantation sur le Port « Autonome » de Rouen. Enfin, la Normandie, même avec les îles, ne représente pas le tiers des résidents d'Ile de France.

Il nous faut donc composer Nous ne sommes en mesure d'imposer nos volontés que pour sauvegarder ce qui nous est essentiel, et pour commencer l'identité de notre peuple Normand.

Faute de volontés politiques, nous n'avons pas été en mesure de contrôler l'occupation de notre territoire sur l'axe séquanien, si bien que jusqu'à Vernon nous somme plus emparisiannisé que Louis Beuve ne pouvait le dire de l'embretonnement du sud de la Manche. Il est donc nécessaire, sinon urgent, de tout mettre en œuvre pour qu'au-delà des contreparties techniques qui nous seront offertes d'ici la fin du IXème Plan, c'est à dire 2015, nous affirmions avec la plus grande énergie notre volonté de rester Normands en Normandie, que nous prouvions notre capacité à exister en tant que tels.

Nous ne voulons pas d'une Normandie où la certitude de limiter notre déclin s'échangerait avec celle de notre disparition.
Gilbert Crespin

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