On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



lundi

GATT : Reprise de dialogue sur ton de guerre économique.

Les États-Unis, gendarme du Monde, veulent désormais régler l'ensemble des activités de la planète à visage découvert. Si leur méthode est aussi bonne que celle utilisée en Somalie, ils n'ont pas fini de regretter leurs exploits Indochinois. Mais, n'est pas somalien qui veut, et l'Europe cherche toujours, sinon des capitaines, des chefs, éventuellement pugnaces, puisque la mode est au style « correspondant de guerre ».

Notre propos de juin sur le sous-développement des U.S.A. n'était donc pas dénué de bon sens.

Le premier ministre du gouvernement français a haussé le ton en juin de cette année. Édouard Balladur a osé mettre en préalable à la réunion des « sept grands » « la levée des sanctions unilatérales prises par les Américains, notamment sur l'acier », refusant de nous soumettre « à une loi nationale qui n'est pas le respect d'une loi internationale ».
Agréer le préaccord de Blair House, « signé » entre la Communauté Européenne et les américains, en n'utilisant pas le droit de veto reviendrait, de la part des représentants français, à un acte de conciliation indécente, pour ne pas écrire : de soumission déguisée. Outre le fait que nous bradons notre indépendance alimentaire durement acquise au prix d'une restructuration agricole, dont l'empirisme a eu des effets négatifs tant pour le monde agricole que pour la qualité de notre environnement, c'est négocier un deal avec des gens dont les intérêts sont d'aboutir à la mainmise sur l'économie mondiale. Comme si les velléités théâtrales d'une république canonnière pouvaient auréoler les américains d'une quelconque autorité morale. Les États-Unis n'ont pas plus de morale que ceux qui compromettront leur signature sur un préaccord qui n'a existé qu'après qu'on en ait abreuvé abusivement l'opinion publique. Si nous n'en n'étions qu'à vouloir sacrifier l'agriculture sur l'autel de la bienveillance de l'oncle Sam ce serait déjà une trahison. Mais, au-delà des cultures agraires, ce sont les Cultures identitaires des peuples d'Europe et du Tiers Monde que nous offririons au lavage de mémoire. Sous le parc Eurodisney pointe le symbole de cet abandon lâche et criminel qui devrait interdire à certain homme politique de prodiguer ses avis, surtout quand on sait les discours faits en Amérique Centrale et les ponts d'or offerts pour geler les terres franciliennes sous la manifestation d'une culture impérialiste. Le donneur de leçons Lang servira-t-il de modèle de compromission à Édouard Balladur ?

Dans un premier temps le GATT semblait ne s'intéresser qu'à l'agriculture, soit une minorité d'actifs. Puis, ce furent les industries, dans lesquelles nous montrions notre compétitivité, qui furent l'objet de mesures restrictives et protectionnistes. Aujourd'hui, c'est l'essence même de nos peuples que l'on veut remettre en cause, car la culture « de masse » est un marché où l'hégémonie libertarienne doit pouvoir, là aussi, s'affirmer.
Les paysans nous ont montré la voie. Les pays du Tiers-Monde résistent eux aussi. Les peuples de l'est de l'Europe, déçus des espoirs qu'ils avaient placé en nous, confient de nouveau leur destin à ceux qu'avant hier ils avaient destitué. Seule la Russie, pour qui les aides continuent d'arriver, semble ne pas regretter l'« Ancien Régime », mais pour combien de temps ?

Devrons-nous, sous prétexte d'une solidarité contre un danger que l'on ne veut pas plus nommer que combattre, devenir les artisans de notre futur esclavage ?

François Delaunay

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